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Fongicides vigne Retour à la normale

En 2025, le nombre de traitements est redescendu à sept, ce qui a contribué à faire reculer l’investissement moyen de 338 €/ha à 247 €/ha.

En 2025, sécheresse et canicule ont limité le développement des maladies fongiques. De quoi ramener le marché à un niveau habituel. Mais l’été dernier, l’Anses a de nouveau frappé, décimant les solutions cupriques.

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Après deux campagnes marquées par de fortes pressions maladies, l’année 2025 a été plus modérée. Certes, les épisodes pluvieux dans le Sud-Est ont entraîné des contaminations précoces, mais le climat chaud et sec de début juin a rapidement freiné la progression des champignons. Résultat : le marché des fongicides vigne a reculé de près de 30 %, passant de 15 Mha déployés à 11 Mha. Un retour « à la normale », estiment les firmes.

Le folpel, molécule n° 1

Dans ce contexte de pression plus modérée, les surfaces déployées en antimildiou ont chuté de 27 %. Pour autant, le marché n’est qu’en léger retrait par rapport aux dix dernières années, avec un nombre de traitements (autour de 7) conforme à la moyenne. Pour Aline Zaborowski, chef marché chez Corteva, « le climat défavorable à la progression du mildiou a fait s’écrouler le marché post-floraison ».

Mais ce repli, n’a pas empêché certains acteurs de renforcer leur position. Corteva, porté par sa gamme Zorvec, s’est propulsé de la cinquième à la troisième place (en valeur). « L’année 2024, marquée par une pression mildiou exceptionnelle, a validé et confirmé l’intérêt de Zorvec Active, qui s’est bien installé chez les viticulteurs et est devenu incontournable en encadrement de floraison. Un hectare conventionnel sur deux est traité avec du Zorvec », assure Aline Zaborowski. Lancé en 2024, Zorvec Zelavin Zeus a signé un « très bon démarrage » avec près de 30 000 ha déployés en 2025. « Cette solution est un réel atout dans le Sud-Est, où le risque mildiou devient de plus en plus précoce. Elle offre une très bonne protection des jeunes pousses », ajoute-t-elle.

De son côté, Adama réalise sa meilleure progression et gagne une place au classement (6e), porté par sa gamme à base de folpel. « En 2025, le folpel est devenu la première molécule appliquée en hectares développés, se félicite Nathan Gaborieau, chef produit chez Adama. Son efficacité, son action multisites, qui limite le développement de résistances, et son prix économique en font une solution de plus en plus plébiscitée par les viticulteurs. »

À bas les cuivres

Mais le marché antimildiou a surtout été frappé, en 2025, par les décisions de l’Anses (lire encadré). Sumi Agro France s’est ainsi vu retirer les AMM de ses solutions Funguran OH et Bordo 20 micro, tandis que Molya est en attente d’évaluation de l’Italie. Corteva prévoit, elle, d’arrêter son co-pack Zorvec Zelavin Dionysos associant le Zorvec Zelavin et l’Heliocuivre. « La mention SPe8 d’Heliocuivre interdit désormais son utilisation pendant la floraison. Or le co-pack était positionné en encadrement de floraison, il perd donc tout son intérêt », explique Aline Zaborowski.

Et la vague de révision ne s’arrête pas là. Certis Belchim a également vu sa gamme Kocide (à base de sel d’hydroxyde) perdre ses usages vigne. « Il est utilisable jusqu’en janvier 2027 avec des conditions d’emploi inchangées », précise Agnès Gauliard, responsable des marchés chez Certis Belchim. En parallèle, la gamme Nordox (à base d’oxyde cuivreux) est en train d’être réévaluée en Italie.

Chez Sipcam France, le Fantic A a subi le même sort en perdant ses usages vigne. Une évolution qui ouvre toutefois la voie aux solutions alternatives. « Deux produits de biocontrôle devraient se développer cette année : le Pleione New (chitosan) et le Mykonos Evo (phosphonates de potassium), souligne Jérôme Rouveure, chef marché. Le Pleione New en association avec le Mykonos Evo peut remplacer un passage cuivre ou être associé à une très faible dose, ce qui sera précieux avec la limite des 4 kg de cuivre/ha/an. » Une opportunité également pour la solution de biocontrôle de De Sangosse : « L’utilisation d’Armicarb (hydrogénocarbonate de potassium) en synergie avec les cuivres pour venir renforcer l’efficacité mildiou prend tout son sens. Certains viticulteurs ont déjà commencé à déployer cette utilisation du produit et nous allons poursuivre le travail sur cette association en 2026 », confie Johanna Sigel, chef marché vigne chez De Sangosse.

Revyvit « très bien accueilli »

Concernant le marché anti-oïdium, la tendance suit celle du mildiou, avec un recul de 20 % pour atteindre 5,5 Mha déployés. Malgré ce contexte baissier, BASF parvient à tirer son épingle du jeu avec sa solution Yaris (fluxapyroxade) qui a progressé. « Yaris a fait ses preuves et profite des évolutions du marché des SDHI. Il couvre désormais 225 000 ha », précise Béatrice Bacher, responsable marketing fongicides vigne et arboriculture chez BASF. Lancé en 2024, Revyvit (méfentrifluconazole) a confirmé son potentiel : « très bien accueilli », il dépasse déjà les 150 000 ha couverts. « Toutes les régions ont utilisé cette solution et expérimenté l’approche de la dose adaptée à la surface de végétation : 1,8 l/ha en zone à surface foliaire fortement développée et 1,2 l/ha en surface foliaire plus mesurée, sur les positionnements floraison. L’adoption de cette nouvelle approche semble en cours », se réjouit Béatrice Bacher.

Bayer, en revanche, a été pénalisé par le retrait de son produit phare Luna Sensation (trifloxystrobine + fluopyram), en 2024 et a ainsi cédé sa première place à BASF. « L’évaluation des dossiers déposés, pour réintroduire Luna Sensation, est en cours et se poursuivra, au moins jusqu’à fin 2026 », précise Hermann Yadjia, chef marché vigne et arboriculture chez Bayer. « Le marché pourrait également être bousculé par le changement de classement du difénoconazole, désormais H351. Dans ce contexte, le Cyflodium (cyflufénamide) pourrait retrouver de l’intérêt », anticipe Agnès Gauliard.

Quant au marché antibotrytis, il poursuit sa décroissance. Les hectares déployés ont quasiment été divisés par deux, tombant à 0,025. « Ce marché tend à devenir anecdotique, observe Hermann Yadjia. Les viticulteurs s’orientent plutôt vers la prophylaxie que vers les traitements. »

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